Sujet : L’efficacité de l’action technique est-elle forcément source de progrès moral ?
Introduction
La technique, comprise comme l’ensemble des procédés mis en œuvre par l’homme pour transformer la nature et produire des objets utiles, a toujours été au cœur du progrès matériel. Elle permet à l’humanité d’améliorer ses conditions de vie : la médecine soigne des maladies jadis incurables, l’agriculture nourrit des milliards d’individus, les moyens de communication rapprochent les peuples. Dès lors, on pourrait penser que l’efficacité technique, en rendant le monde meilleur sur le plan matériel, entraîne nécessairement un progrès moral, c’est-à-dire une amélioration des comportements humains, des valeurs et de la société.
Mais cette efficacité de l’action technique est-elle forcément source de progrès moral ? Autrement dit, le développement des techniques conduit-il toujours à un mieux moral, un perfectionnement des individus et des sociétés sur le plan éthique ?
Nous verrons que si la technique peut accompagner le progrès moral, elle n’en est pas nécessairement la cause, et qu’elle peut même parfois s’avérer moralement ambivalente ou dangereuse.
I. L’efficacité technique comme facteur possible de progrès moral
1️⃣ La technique au service du bien commun
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Les avancées techniques peuvent contribuer au bien-être général : progrès médicaux, réduction de la souffrance, lutte contre la faim grâce aux techniques agricoles, amélioration des conditions de vie.
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Exemple : les vaccins ont permis de sauver des millions de vies.
2️⃣ La technique favorise la solidarité et la paix
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Les moyens de communication et de transport rapprochent les peuples, favorisent les échanges culturels, la compréhension mutuelle, et donc potentiellement un progrès moral.
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La technique peut servir des idéaux moraux, comme la justice (outils pour garantir les droits, preuves numériques, etc.).
II. La neutralité morale de la technique : l’efficacité technique n’implique pas le progrès moral
1️⃣ La technique est un moyen, pas une fin morale en soi
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La technique est moralement neutre : elle fournit des outils que l’homme peut employer pour le bien comme pour le mal.
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Exemple : l’énergie nucléaire peut alimenter les villes, mais aussi produire des bombes destructrices.
2️⃣ Les dérives possibles de l’efficacité technique
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Le développement technique peut être mis au service de la guerre, de la domination, de l’exploitation des hommes et de la nature.
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La technique accroît la puissance, mais non nécessairement la sagesse ou la bonté des hommes (cf. Hans Jonas : la technique exige une nouvelle éthique de la responsabilité).
III. Le progrès moral dépend de la conscience et de la responsabilité des hommes
1️⃣ Le progrès moral suppose une intention éthique
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La technique doit être orientée par des valeurs, des principes : elle n’engendre pas spontanément le bien.
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Exemple : le progrès moral réside dans la manière dont nous décidons d’utiliser les techniques.
2️⃣ Le rôle essentiel de l’éducation et de la réflexion éthique
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C’est à l’homme de s’interroger sur les fins qu’il poursuit avec la technique.
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Le progrès moral nécessite une prise de conscience des conséquences des actes techniques (enjeux écologiques, sociaux…).
Conclusion
L’efficacité de l’action technique n’est donc pas forcément source de progrès moral. Si la technique offre des moyens puissants au service de la vie humaine, elle peut tout aussi bien être utilisée à des fins destructrices. Le progrès moral ne résulte pas automatiquement du progrès technique : il dépend de la capacité des hommes à orienter leurs actions selon des valeurs éthiques et à assumer leurs responsabilités.
💡 Ouverture : Cette réflexion invite à penser la nécessité d’un contrôle moral de la technique, notamment face aux défis contemporains comme l’intelligence artificielle ou la biotechnologie.